
Les caractéristiques du projet
Le projet Rhône décarbonation prévoit la création d’une chaîne de captage, transport, liquéfaction et chargement de navires de CO2 le long de la vallée du Rhône, depuis la cimenterie du groupe Vicat située à Montalieu-Vercieu, en Isère, via un pipeline de transport existant opéré par la société SPSE, et jusqu’à un terminal de liquéfaction et de chargement de navires du CO2 envisagé sur le site de Fos Tonkin exploité par la société Elengy, à Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône.
Le projet réunit, à date, quatre maîtres d’ouvrage :
- Vicat, groupe cimentier français ;
- La Société du Pipeline Sud Européen (SPSE), société de transport d’hydrocarbures liquides par pipeline ;
- Elengy, expert du gaz naturel liquéfié et opérateur pionnier de terminaux méthaniers en France ;
- RTE, gestionnaire du réseau de transport d’électricité français.

Rhône décarbonation vise à décarboner la cimenterie de Vicat à Montalieu-Vercieu, en soutien à la stratégie du groupe cimentier pour décarboner ses produits et proposer des matériaux de construction totalement décarbonés à horizon 2050. Il s’agit d’une première étape dans le cadre du projet Rhône CO2, un projet plus large de chaîne globale de captage, stockage, et utilisation du CO2 (CCUS) le long de la vallée du Rhône, qui rassemble d’autres industriels et doit jouer un rôle clé dans le renforcement de l’accès ou dans l’accessibilité des industriels de la vallée du Rhône à des infrastructures permettant une décarbonation efficace et coordonnée de son tissu économique.
En effet, les infrastructures de transport, de liquéfaction et de chargement de navires du CO2 mises en place dans le cadre du projet Rhône décarbonation seraient des infrastructures ouvertes aux tiers, permettant le raccordement ultérieur d’autres sites industriels du territoire.
Les infrastructures du projet
1 – La création d’une installation de captage de CO2
Vicat prévoit de créer une unité de captage des émissions de CO2 inévitables au sein du périmètre des installations existantes de sa cimenterie située à Montalieu-Vercieu.
Le projet doit permettre de capter un total de 1,2 million de tonnes d’émissions de CO2 inévitables par an sur ce site, soit la totalité des émissions de CO2 inévitables du site, et de produire ainsi du ciment décarboné.
Le projet prévoit de réaliser le captage du CO2 par un procédé cryogénique. Cette technologie, totalement électrifiée et ne nécessitant pas de produit chimique pour son fonctionnement principal, est déjà mature à l’échelle industrielle pour d’autres usages.
2 – Le raccordement électrique de l’installation de captage de CO2 au réseau haute tension
L’installation de captage de CO2 prévue sur le site de la cimenterie de Montalieu-Vercieu dans le cadre du projet devra être raccordée au réseau public de transport d’électricité. Une puissance installée supplémentaire de 70 MW est estimée, pour un besoin en opération estimé à 40 MW en tenant compte des optimisations énergétiques. En tant que gestionnaire du réseau public de transport d’électricité en France, RTE est en charge d’instruire la demande de raccordement portée par Vicat.
Ce raccordement nécessiterait la création d’une nouvelle liaison électrique à 225 000 volts entre le poste électrique de CREYS et le site Vicat de Montalieu-Vercieu, distants d’environ 8 kilomètres.
Ce raccordement pourrait être basé en partie sur la réutilisation et l’adaptation d’ouvrages déjà existants. Aucun tracé n’est toutefois défini à ce stade.
3 – Le transport du CO2 gazeux par pipeline
Le transport du CO2 depuis la cimenterie Vicat de Montalieu-Vercieu jusqu’au terminal de liquéfaction d’Elengy à Fos-sur-Mer, se ferait à travers les opérations suivantes :
- La reconversion sur une longueur de 300 kilomètres du pipeline existant « PL2 » appartenant à SPSE, depuis la Plaine de l’Ain jusqu’au site SPSE de Fos-sur-Mer ;
- La création d’un raccordement par canalisation entre l’installation de captage de CO2 de Vicat et le pipeline « PL2 » SPSE ;
- La création d’un raccordement par canalisation entre le site de SPSE à Fos-sur-Mer et le terminal de liquéfaction et de chargement de navires de CO2 de Fos Tonkin.
4 – Le développement d’un terminal de liquéfaction et chargement de navires du CO2 sur le site existant de Fos Tonkin
Dans le cadre du projet Rhône décarbonation, Elengy prévoit de réaménager l’actuel terminal méthanier de Fos Tonkin pour permettre la liquéfaction du CO2 transporté depuis la cimenterie de Montalieu-Vercieu via le pipeline SPSE, le stockage temporaire du CO2 liquéfié (LCO2) dans des sphères de stockage et son chargement sur des navires spécialisés.
Une partie du terminal méthanier est aujourd’hui hors d’exploitation, permettant le développement des nouvelles infrastructures dans le cadre du projet Rhône décarbonation, ainsi que du projet Medhyterra consistant à réaménager une partie du site en un terminal d’importation d’ammoniac bas-carbone.
Ces deux projets sont indépendants l’un de l’autre et compatibles aussi bien en phase de construction qu’en phase d’exploitation.
Le procédé de liquéfaction du CO2 nécessitant une augmentation de la puissance électrique délivrée sur le terminal de Fos Tonkin, Elengy a engagé des discussions avec RTE. La puissance appelée serait d’environ 45 MW.
L’aval de la chaîne du projet Rhône décarbonation
Le CO2 capté, transporté et liquéfié dans le cadre du projet Rhône décarbonation serait destiné à être acheminé vers des réservoirs géologiques offshore situés en mer Méditerranée ou en mer du Nord. L’acheminement et le stockage géologique permanent du CO2 ne font pas partie du projet soumis à concertation, mais sont déterminants pour l’existence de la chaine CCUS et du projet Rhône décarbonation. Les opérateurs de la chaine en aval du terminal (navires et stockage géologique) n’ont pas été choisis à ce stade du projet.